Et si nous parlions des retraites … (2/5)

Contrairement à la communication du gouvernement, le retour à la retraite à 60 ans serait totalement finançable et pourrait même être bénéfique pour l’économie. Eh oui, gagner la retraite à 60 ans c’est indispensable et économiquement faisable !

Publié en juin 2021, le dernier rapport du Conseil d’Orientation des Retraites (COR) permet de réfuter les arguments gouvernementaux concernant l’augmentation de l’âge de départ à la retraite. Non, il n’y a pas de justification économique pour un départ à la retraite à 65 ans !

La crise sanitaire a fait monté mécaniquement la part des retraites dans le PIB (14,7 %), elle sera de 13,7 % en 2030 et selon les estimations entre 11 et 13 % en 2070. D’ailleurs cet indicateur, part des retraites dans le PIB, indicateur phare de Bercy, utilisée partout comme la norme dans l’Union Européenne, ne correspond à rien dans notre pays puisque notre système est basée sur le travail et la cotisation.

Notre système de retraite mis à mal depuis la fin des années 80 !

Un certain nombre de réformes régressives ont été mises en œuvre depuis la fin des années 80. Elles ont contribué à rogner les  » droits  » des travailleurs et in fine, mettre en danger le système complet :

  • Remise en cause de l’indexation des pensions sur les salaires entrainant une perte de pouvoir d’achat pour les retraités.
  • Passage de la durée de cotisation de 37,5 à 42 annuités (réforme Touraine de 2013).
  • Recul de l’âge de départ à la retraite de 60 à 62 ans (réforme Sarkosy de 2010).

Comme le démontre le rapport du C.O.R., du fait des réformes successives, l’âge de départ à la retraite passera de 62 actuellement à 64 ans 2037.

La future réforme Macron ne fera qu’anticiper les conséquences de la réforme de Marisol Touraine.

Les différentes mesures prises par les gouvernements successifs analysées dans le rapport du C.O.R. démontrent que la diminution des dépenses concernant les retraites se font en diminuant le pouvoir d’achat des retraités.

Le taux de liquidation au moment de la liquidation de la retraite, pour faire simple le rapport entre le dernier salaire et la première pension de retraite est actuellement d’environ 75 % pour un non cadre du secteur privé. D’après le rapport, il serait de l’ordre de 65 % pour la génération née en 2000.

Ainsi, alors que le niveau de vie relatif des retraités est actuellement équivalent à celui des actifs, il serait inférieur à 90 % à partir des années 2040-2050.

Si rien n’est entrepris, nous assisterions donc a une inversion de la tendance observée depuis la création de la Sécurité sociale en 1945, à savoir la parité de pouvoir d’achat entre les retraités et les actifs .

Photo de Andrea Piacquadio sur Pexels.com

Il s’agit donc d’un choix de société !

Ce choix est intimement liée avec celui qui consiste à inverser la tendance à la baisse de la rémunération du travail par rapport à celle du capital. A titre d’exemple, la part des salaires dans la Valeur Ajouté au niveau national est passée de 74 % en 1983 à à 66 % en 2005. Il est indispensable de dégager les dépenses socialisées nécessaires pour garantir à toutes et tous de bonnes retraites, et ce dès 60 ans, en clair, il faut faire rentrer des cotisations pour financer le système.

Oui tout n’est pas perdu concernant les retraites, nous avons un point d’appui : les études d’opinion convergent pour démontrer que 70 % des Français sont hostiles à un nouveau recul de l’âge de départ à la retraite et qu’ils souhaitent majoritairement le retour de la retraite à 60 ans. Il reste et ce n’est pas le plus simple à le mobiliser !

Dans le futur débat sur la réforme des retraites, défendons deux idées simples :

  • Retour à la retraite à 60 ans et plus tôt pour les métiers pénibles.
  • Un taux de remplacement de 75 % sur les meilleures années, primes comprises.

Et comment vous allez payer ?

Il faut trouver entre 80 et 100 milliards d »euros pour financer ces deux mesures d’après l’Institut Montaigne qui n’est pas connu pour être un repaire de Bolchevicks.

Ce chiffre fait froid dans le dos mais si on le compare au total des exonérations de cotisations patronales (75 milliards d’euros) ça va tout de suite mieux ! Exonérations dont l’efficacité en terme d’emploi reste à démontrer.

Alors comment on paie ?

  • Le retour au plein emploi, c’est à dire un taux de chômage inférieur à 7 % (ce qui n’est pas arrivé depuis 1983). La logique est simple plus il y a de personnes qui travaillent, plus il y a des cotisations qui entrent dans les caisses.
  • Les augmentations de salaires, là aussi plus il y a de salaire, plus il y a de cotisations qui entrent dans les caisses.
  • L’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, qui rapporterait plusieurs milliards a elle seule.
  • La lutte contre les fraudes aux cotisations sociales, les entreprises qui ne paient pas leurs cotisations pour faire simple ou qui ne déclarent pas tout. 20 milliards d’euros chaque années d’après l’URSSAF.
  • La création d’un impôt sur les dividendes fléché vers les retraites.

La conjonction de ces différentes mesures permettrait de trouver assez facilement les 80 à 100 milliards pour financer le retour à la retraite à 60 ans avec 75 % de taux de remplacement. Tout est une question de choix et de volonté politique !

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