Et si nous parlions des retraites … (3/5)

Le responsable du service économique de Natixis, le célèbre Patrick Artus a publié en janvier 2020 une note qui a créé des remous concernant les retraites. Selon lui, 1 € placé dans un système par capitalisation en 1982 aurait rapporté 21,90 € en 2019 contre 1,92 € dans le système par répartition. La retraite par capitalisation une idée bien répandu mais qui a fait la preuve de son inefficacité ! Parlez en aux retraités qui ont tout perdu lors de la crise de 2008.

La capitalisation dix fois plus efficace que la répartition ?

Selon Patrick Artus, libéral assumé, la retraite par capitalisation serait dix fois plus rentable que la retraite par répartition.

Comme le souligne le magazine Alternatives économiques, en suivant ce raisonnement, si notre système fonctionnait à 100 % par capitalisation, nous pourrions avoir des retraites dix fois supérieures à ce qu’elles sont. Les retraites représenteraient donc plus de 3 200 milliards d’euros par an, soit plus de 130 % du PIB. Tout simplement impossible !

Sur le plan moral, on peut d’ailleurs difficilement défendre un système qui nous ferait gagner vingt-deux fois notre « mise » sans rien faire. C’est, ni plus ni moins, la définition d’un rentier parasite.

La capitalisation accentue la lutte entre capital et travail !

Dans son hypothèse, Patrick Artus part sur le principe d’une retraite par capitalisation investie pour moitié en obligations et pour moitié en actions. Avec un système par capitalisation, il y aurait donc une abondance de capital pour acheter les obligations, cela ferait mécaniquement baisser leur rendement. Ce rendement est d’ailleurs actuellement largement négatif en termes réels, c’est-à-dire par rapport à l’inflation.

Pour les actions, les flux dépendent des dividendes et le cours des actions dépend, à la fois de l’offre et de la demande, mais également des dividendes futurs attendus. S’il y avait beaucoup plus de capital investi en Bourse du fait de la capitalisation, pour maintenir le taux de rentabilité, il faudrait que les dividendes évoluent de la même manière.

Veut on vraiment voir les dividendes, qui battent déjà des records, doubler, tripler voire plus ? Les dividendes ne sont rendus possibles que par la captation de la valeur ajoutée par le capital au détriment du travail. Ce n’est pas vraiment une bonne affaire pour les retraités.

Les faits sont têtus : seul le travail créé de la richesse !

Les promoteurs de la retraite par capitalisation oublient l’essentiel, le capital ne crée aucune richesse. Seul le travail est créateur de valeur. C’est une règle simple qui se vérifie à chaque fois !

Une bulle spéculative, qui fait gonfler un patrimoine financier mais ne crée aucune richesse. Un exemple pour comprendre, imaginons que nous possédions une action valant 100 euros à la clôture de la Bourse à 17 h 30 et qui, le lendemain à l’ouverture, vaut 110 euros. Nous n’avons absolument pas créé de richesse durant notre sommeil, et la société ne possède pas non plus 10 % de richesses supplémentaires.

Ainsi, même avec un système par capitalisation, ce que reçoivent et consomment les retraités est une partie de la production en cours. Le fait que les retraites dépendent d’une épargne accumulée auparavant plutôt que des cotisations des actifs ne change rien à cet état de fait.

La monnaie peut être mise de côté et épargnée, mais ce n’est pas le cas de la production. La capitalisation crée donc un déséquilibre entre les deux. Croire que la capitalisation permet de mettre de côté et d’avoir plus de richesses à l’arrivée est donc une erreur.

Cela ne saurait être valable qu’en misant sur le fait que l’épargne accumulée aujourd’hui servira à financer les importations de demain, et permettra donc de capter une partie de la production étrangère. Cette stratégie est bien connue, elle est mise en place par l’Allemagne afin de combler ses problèmes démographiques.

L’argumentation des défenseurs de ce système est bien connue et se résume ainsi :  » La rémunération du capital a explosé par rapport à celle du travail depuis quarante ans. Donc, si tout le monde avait des revenus du capital, tout le monde aurait vu ses revenus augmenter « .

Et pschitt, comme par magie, n’en déplaise à Warren Buffett, la lutte des classes des classes disparaît !

Cependant, il y a un hic, ceux qui défendent ces théories oublient de répondre à une question fondamentale : si tout le monde a des revenus du capital, alors, qui produit ? En effet, les revenus du capital ne sont qu’une ponction sur la production des travailleurs. Un peu d’économie Marxiste nous sort de bien des difficultés !

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